Le tambour, un instrument créateur de lienLe tambour, un instrument créateur de lien

Le tambour, un instrument créateur de lien

Le tambour, un instrument créateur de lien

Fondé vers la fin de l’époque Edo (1603-1868), l’atelier Miyamoto Unosuke Shoten fournit depuis plus de 150 ans les accessoires des fêtes et des arts du spectacle traditionnels du Japon.

L’atelier a par exemple produit les instruments de musique utilisés lors des funérailles de l’empereur Taisho, qui a régné de 1912 à 1926. Pendant les Jeux olympiques de Tokyo 1964, c’est encore lui qui a fourni les tambours en forme de flamme de huit mètres de haut qui décoraient le lieu de la cérémonie d’ouverture.

L’entreprise fabrique et restaure également desmikoshi(sanctuaires miniatures portatifs), et a notamment rénové les troismikoshidu célèbre festival Sanja-matsuri à Asakusa, Tokyo.

Le directeur de l’atelier, Yoshihiko Miyamoto, nous parle des possibilités offertes par son artisanat : « Le tambour est une sorte de média, comme un langage, capable de communiquer malgré sa différence, comparable à un appareil de traduction. Il est porteur d’une force créatrice de lien entre l’homme et la nature, et entre les gens. »

Alors que la crise du Covid-19 se dissipe peu à peu, le contact se rétablit entre les visiteurs étrangers et l’artisanat du tambour japonais. Les cours organisés par l’atelier à Asakusa, Yokohama et Hakata donnent l’occasion aux participants de se rassembler, et même lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois, le point commun qu’ils trouvent dans leur intérêt pour le tambour permet de briser rapidement la glace et d’élargir le cercle du partage.

Le tambour, un instrument créateur de lien
Le tambour, un instrument créateur de lien

Au Japon, le tambour, ou taiko, est depuis les temps anciens un instrument des rites exprimant la reconnaissance des hommes envers la nature. C’est en revenant à ce point de départ que Miyamoto Unosuke Shoten a lancé en 2022 l’initiative « Echo-logical Taiko », pour un artisanat respectueux du cycle de la nature. Le premier volet du projet s’est concentré sur la préservation des cèdres dans la préfecture de Tokyo. L’objectif du deuxième sera de retravailler les caisses de tambours qui n’ont pas pu être transformés en instruments.

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C’est aussi dans cette ligne de pensée que Miyamoto Unosuke Shoten avait inscrit son œuvre collaborative avec l’artiste Noritaka Tatehana lors de l’exposition Edo Tokyo Rethink 2022. Les tambours alors utilisés présentant des défauts, ils ne pouvaient pas être vendus et dormaient dans l’atelier.

La collaboration de cette année est similaire à celle de 2022, avec de petits tambours (gangu taiko ou tambour de jouet) d’environ 14 centimètres de diamètre disposés en cercle pour représenter le tambour du dieu du tonnerreRaijin, et un gros tambour (nagado taiko), décorés de couleurs vives.

La forme générale de l’œuvre est la même que celle de 2022, mais elle présente plusieurs différences.

L’an dernier, les tambours étaient décorés à la peinture acrylique. Or pour cette édition, l’artiste a opté pour une peinture à base d’huile de noix de cajou, riche en résine. Ce choix apporte une brillance caractéristique à l’œuvre et une apparence plus chaleureuse. Même si les tambours de l’œuvre ne sont pas destinés à servir d’instruments de musique, ils n’ont pas seulement été fabriqués d’un point de vue artistique, mais aussi de façon à maintenir l’aspect pratique.

Pour l’exposition de 2022, l’œuvre du grand tambour avait été réalisée avec un tambour défectueux qui s’était déformé et fissuré au cours du séchage. Mais cette année, un tambour de la même qualité que les produits commercialisés a été choisi, comme si on pouvait en jouer. La différence se remarque facilement, car le bois du tambour de l’an dernier avait un aspect irrégulier comme avant le passage du rabot, alors que celui de cette année montre une belle courbe lisse.

Yoshihiko Miyamoto se confie sur cette deuxième édition de collaboration avec Noritaka Tatehana : « Ce travail collaboratif m’a rappelé l’importance de la “conception” dans notre artisanat. J’ai aussi senti que s’adonner à ce processus créatif permettait de libérer la pensée, et que notre approche face à de nouveaux défis s’était élargie. »

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Les tambours de Miyamoto Unosuke Shoten sont exposés au Tokujin-do (littéralement, le temple où l’on acquiert la vertu).

Le nom du lieu vient des propos de Confucius : « Ils ont cherché la vertu, ils l’ont acquise », en parlant des frères Boyi et Shuqi, deux sages dont l’historien chinois Sima Qian fait le portrait dans son ouvrageMémoires historiques. La construction a survécu au grand séisme du Kanto et aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale, et est toujours intacte.

Le lieu semblait voué à accueillir cette œuvre symbolisant le tambour du dieu du tonnerreRaijin, dont le retentissement annonce la venue des divinités. La lumière tamisée et l’atmosphère solennelle mettent en valeur les textures et la vivacité des couleurs.

Le tambour, un instrument créateur de lien

Photo by GION

Special Movie

Noritaka Tatehana x Wadaiko Miyamoto Unosuke Shoten


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