Poupées contemporaines « Hina-ningyo », entre modernité et raffinement esthétique propre à l’époque Edo

Les poupées Hina, considérées comme des œuvres d’art, captivent par leur simplicité discrète et leur peau blanche comme neige. Ces magnifiques poupées, qui se distinguent des poupées Hina traditionnelles, possèdent une apparence moderne singulière qui se marie bien avec les intérieurs contemporains. La maison « Koikko Matsuzaki Ningyo », qui fabrique des poupées artisanales traditionnelles destinées aux « Sekku » (festivals saisonniers japonais), a dévoilé fin février 2023, un projet visant à la reconception de ces festivals.

« Nos modes de vie ont beaucoup changé ces derniers siècles, c’est pourquoi nous avons voulu créer des poupées Hina modernes qui s’intègrent à la période Reiwa actuelle », explique M. Mitsumasa Matsuzaki, représentant de la maison Koikko Matsuzaki Ningyo. Ce projet a débuté il y a un an avec le soutien de M. Ryoichi Kobayashi, fondateur de la marque « Studio GALA ». Nous avons discuté ensemble sur comment réaliser le design le plus simple possible et qui correspondrait au mode de vie minimaliste contemporain.

Au début, M. Matsuzaki nous a confié ne pas pouvoir abandonner ses habitudes de fabrication, c’est-à-dire réaliser des poupées en ajoutant des couleurs, en dessinant des yeux, une bouche, etc. Mais en éliminant peu à peu ces idées préconçues, nous sommes arrivés à confectionner une poupée dotée d’une esthétique sobre et au teint blanc. Avec une légère forme sur le visage pour représenter le nez.

« Nous avons fabriqué deux types de poupée, une en position debout et l’autre assise. La poupée debout avait une forme audacieuse, elle ressemblait à une combinaison de carrés et de triangles. Je me suis demandé si des changements étaient nécessaires ou non, et je me suis dit que ce serait intéressant de retransmettre une beauté sculpturale à travers cette œuvre. »

Les poupées Hina sont réalisées selon une méthode traditionnelle de fabrication appelée « Kimekomi ». Les tissus des vêtements sont insérés dans des entailles creusées dans le buste, lui-même moulé à base de sciure de bois durcie, et ce jusqu’à ce que la poupée de bois prenne vie. Derrière cette simplicité, cet art intègre également l’« esthétique Edo », élément si caractéristique des poupées de Matsuzaki. De loin, leur peau a l’air blanche comme neige, mais en réalité, elle est composée de nombreux types de tissus blancs. Cette technique s’inspire d’une tradition datant de l’ère Edo appelée « Shijuhaccha Hyakunezu (litt. 48 nuances de marron et 100 nuances de gris) ». À la fin de la période d’Edo, le shogunat promulgua une loi interdisant le luxe vestimentaire pour toutes les classes de la société. C’est pourquoi les habitants d’Edo aimaient fabriquer des tissus avec une grande variété de marrons et de gris, et ce à l’aide de divers matériaux et colorants. Aujourd’hui aussi, les artisans utilisent des combinaisons de tissus à partir de nombreuses nuances de blanc. Le motif Yarai en forme de clôture en bambou (utilisé comme amulette de protection) des poupées en position assise permet de profiter de ces différentes nuances de blanc. Il a longtemps été utilisé pour éloigner les mauvais esprits. Les poupées Hina tirent leurs racines de cette superstition. Elles servent à conjurer le mal et souhaiter une bonne croissance aux enfants.

« Je serais heureuse si les femmes pouvaient aussi profiter des poupées Hina pour leur plaisir personnel, et non pas seulement lors du Hatsu Zekku (première fête après la naissance d’un enfant) », déclare Mme Matsuzaki. Vous pouvez décorer la poupée avec des fleurs de pêcher et des biscuits « Hina arare », ou l’utiliser simplement pour égayer votre intérieur. C’est la naissance d’une nouvelle ère pour les poupées Hina. Ce sont des œuvres d’art pouvant aujourd’hui être appréciées par n’importe qui, et ce peu importe les goûts et les âges.