[La nouvelle génération prend le relais] Nouveaux horizons pour les poupées Edo kimekomi : la passion et la maîtrise technique de la plus jeune artisane de Matsuzaki Doll

Fondé en 1921, Matsuzaki Doll est un atelier spécialisé dans deux savoir-faire traditionnels : les poupées Edo kimekomi et les poupées des fêtes traditionnelles japonaises. Parmi les nombreux talents que compte cette ancienne entreprise, Ayumi Seta se distingue par sa maîtrise technique et son engagement. Malgré son jeune âge, elle relève de nouveaux défis, tentant ainsi de répondre aux attentes de ses collègues, en s’appuyant sur les connaissances et techniques qui lui ont été transmises par ses aînés.

Depuis l’enfance, Seta a toujours aimé fabriquer des objets, inspirée par l’habileté manuelle de son père. Elle a rejoint Matsuzaki Doll en 2016, sur la recommandation de son oncle, artisan spécialisé dans l’assemblage de bois sans clous. Elle n’avait jamais envisagé de travailler dans la fabrication de poupées, mais en découvrant cet univers, elle s’est passionnée pour sa richesse et sa complexité.

Chez Matsuzaki Doll, les rôles sont attribués en fonction des aptitudes de chacun. Lors de son entretien, le directeur exécutif, Atsushi Matsuzaki, a perçu l’enthousiasme de Seta pour le travail artisanal et a décidé de la former à la spécialité de l’atelier : les poupées Edo kimekomi. Ce savoir-faire consiste à fabriquer un corps de poupée en toso (un mélange de sciure de paulownia et de colle), à y sculpter de fines rainures, puis à y insérer et à coller les bords des tissus qui composeront le costume.

« Pendant un temps, après mon arrivée, j’étais complètement dépassée. Je ne savais pas quelle quantité de colle utiliser pour fixer les tissus, ni quelle force appliquer pour attacher les cheveux, et j’étais incapable de juger si la tête de la poupée était réussie ou non. Il n’existe pas de manuel clair pour ce métier. Même la technique du kimekomi varie légèrement d’un artisan à l’autre, j’ai donc dû observer, absorber et développer mes propres méthodes. »

Dans ce métier, on attend des artisans qu’ils travaillent avec rapidité et précision. Seta a soigneusement pris des notes sur les techniques enseignées par ses aînés et le président, et s’en est inspirée pour perfectionner progressivement ses propres gestes. Aujourd’hui, après dix ans d’expérience, elle se voit confier le choix des tissus pour de nouvelles poupées. Elle joue également un rôle central dans la production de la série Anima, un projet qui explore de nouvelles voies pour l’artisanat traditionnel.

« En ce moment, je consacre la majorité de mon temps à la création d’un poisson-lune commandé sur mesure, inspiré de la série Anima. C’est une pièce volumineuse, avec de grandes surfaces à travailler, et cela représente un vrai défi, mais donner forme à une idée nouvelle me donne un véritable sentiment d’accomplissement. »

Parallèlement à ses activités sur les poupées Edo kimekomi et la série Anima, Seta s’est formée de manière autonome à l’utilisation des imprimantes et scanners 3D. Sa curiosité et sa volonté d’explorer de nouveaux outils en font un atout précieux pour l’atelier.

« Ce que j’aime chez Matsuzaki Doll, c’est qu’on peut proposer librement des idées, comme des collaborations avec des personnages de dessins animés, et exprimer son avis sans crainte. J’aimerais aussi utiliser les technologies 3D. Mon objectif est d’améliorer mes compétences pour me lancer dans des projets encore plus ambitieux et impressionnants. »

Aujourd’hui, l’atelier compte neuf artisans, dont le plus âgé a 83 ans. Matsuzaki Doll s’efforce d’offrir un environnement de travail favorable : ajustement des plannings annuels, suppression des heures supplémentaires inutiles, encouragement à prendre des congés. Ces efforts permettent aux artisans de travailler avec plus de liberté et de flexibilité. En conciliant tradition et innovation, l’atelier attire une nouvelle génération de talents—comme Seta—ayant la trentaine ou la quarantaine, prêts à porter cet art vers l’avenir.

« De l’extérieur, on ne se rend pas toujours compte à quel point ce travail est complexe et délicat. Il y a bien sûr des difficultés, mais savoir que des gens vont tenir dans leurs mains une poupée que j’ai fabriquée me rend vraiment heureuse. C’est ce sentiment, je pense, qui rend ce métier si gratifiant. »

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« La nouvelle génération prend le relais » est une série consacrée aux jeunes artisans et employés qui assurent la transmission des savoir-faire traditionnels perpétués à Tokyo depuis des générations. Chaque épisode explore les raisons qui les ont poussés à suivre cette voie, la nature de leur travail, et leur vision de l’avenir.

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